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Il existe, près des écluses, un bas quartier de bohémiens Dont la belle jeunesse s'use à démêler le tien du mien En bande on s'y rend en voiture, ordinairement au mois d'août Ils disent la bonne aventure pour des piments et du vin doux On passe la nuit claire à boire, on danse en frappant dans ses mains On n'a pas le temps de le croire, il fait grand jour et c'est demain. On revient d'une seule traite gais, sans un sou, vaguement gris Avec des fleurs plein les charrettes, son destin dans la paume écrit. J'ai pris la main d'une éphémère qui m'a suivi dans ma maison Elle avait des yeux d'outre-mer, elle en montrait la déraison. Elle avait la marche légère et de longues jambes de faon J'aimais déjà les étrangères quand j'étais un petit enfant ! Celle-ci par là, vite, vite, de l'odeur des magnolias Sa robe tomba tout de suite quand ma hâte la délia. En ce temps-là, j'étais crédule, un mot m'était promis si on Et je prenais les campanules pour des fleurs de la passion À chaque fois tout recommence, toute musique me saisit Et la plus banale romance m'est l'éternelle poésie Nous avions joué de notre âme, un long jour, une courte nuit Puis au matin "Bonsoir madame", l'amour s'achève avec la pluie. |