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Ils traînent leurs violons au-delà des portées La clarinette au bec, fumant des pastorales Et la clef sur la table, on les voit s'en aller Vers des pays là-bas, devant leur vitre sale Ils dérangent la flûte en y soufflant dessus Pour mieux voir dans la nuit flâner les violoncelles Au bras d'une harpiste inquiète et survenue Juste après qu'un violon l'eût prise en chanterelle Les ailes du génie à portée de leurs bras Croyant tout inventer, ils réinventent tout Debussy à la plume et Schubert dans la voix Ils s'envolent dans des oiseaux de quatre sous Ils s'envolent dans des oiseaux de quatre sous Sur leur papier tout pâle, ils écoutent chanter Les hasards de la rue et leur pauvre musique Dans l'ombre de Bayreuth pendant qu'un groupe anglais Tire inlassablement ses salves électriques Tire inlassablement ses salves électriques Ils traînent leurs portées au-delà des violons Ils dérangent la nuit dans le bruit du silence La tête achalandée de dix mille chansons Le sourire des larmes au bord d'une cadence Ils maquillent l'orgueil au bras des vanités Ils se tirent dessus quand ils n'ont plus de cible Ils se montrent du doigt du bout de leur archet Qui pend ses cheveux blancs à leurs cordes sensibles Les portes du destin s'entrouvrant par hasard Par une clef de sol devenue pathétique Le choléra de Tchaïkovski sur le boulevard La rage de Berlioz comme un chien fantastique La rage de Berlioz comme un chien fantastique Alors, dans leur miroir, ils regardent passer Les chevaux de Mozart à sa dernière fête L'oreille de Beethoven en train d'imaginer Pour la neuvième fois des symphonies muettes Pour la neuvième fois des symphonies muettes Les musiciens, les musiciens. |