(Frédéric Botton)

Je me suis acheté une machine, une machine qui ne fabrique rien.
Chaque fois que j'y mets vingt centimes
Elle me répond "Merci bien !"
Il y a des boutons partout, les boutons, moi ça me rend dingue.
Je les appuie tous d'un coup, ça fait plus de bruit qu'un flingue.
Je me suis acheté une machine, une machine à tuer l'ennui
Mais la seule chose qui m'ennuie, c'est qu'elle me pique mes centimes.

Je me suis acheté une machine, une machine à reculer le temps.
Je la mets dans ma cuisine, pour les œufs, c'est épatant.
Il y a des lumières partout, les néons, moi ça me rend dingue.
Je les allume tous d'un coup, elles se reflètent sur le zinc.
Je me suis acheté une machine, une machine à Hydroflex humus.
Elle prévoit tout ce qu'on devine, y'a un cerveau à rébus.

Je me suis acheté une machine, je ne peux plus m'en séparer.
Je me prends pour ma machine et je ne sais plus rêver.
Mais je sais qu'un jour viendra, c'est sûr, je prendrai le dingue.
Je la jetterai loin de moi pour ne plus voir ce bastringue.
Je me suis acheté une machine, une machine qui ne fabrique rien
Un gadget, un pique-centimes, sans doute, j'en avais besoin
Sans doute, j'en avais besoin, sans doute, j'en avais besoin.