C'est une maison sans autre horizon
Qu'un fond de brouillard près d'un vieux canal.
C'est une maison, c'est une prison
Où l'on a caché les vieux abandonnés.

À l'hospice général, on se donne bien du mal
Pour qu'un vieux se sente vieux.

C'est ton univers, toi, le pot de terre.
C'est ton cimetière, l'unique frontière.
Quand tu bois, le soir, des verres de cafard.
Quand tu rentres tard, c'est ton tribunal.

À l'hospice général, on se donne bien du mal
Pour qu'un vieux se sente vieux.

Quand tu n'es pas sage sur ta voie de garage
On te déménage, on t'envoie en voyage.
Dix jours chez les fous, ça ôte le gout d'oser résister, d'oser exister.

À l'hospice général, on se donne bien du mal
Pour qu'un vieux se sente vieux.

Mais toi mon frère, qui es leur lumière
On te fait taire, on censure l'enfer.
Toi, petit frère, n'aie pas trop de colère
On t'interdirait d'être à leur côté.

À l'hospice général, on se donne bien du mal
Pour qu'un vieux se sente vieux.

C'est une maison sans autre horizon
Qu'un fond de brouillard près d'un vieux canal.
C'est une chanson que je veux chanter.
C'est votre chanson, vieux amis prisonniers.